lundi 2 août 2010

Les enfants Roms et des gens du voyage ont les mêmes droits que les autres !

Dans le contexte actuel, Jacques Hintzy, président de l’Unicef France, revient sur la situation des enfants Roms ou appartenant à la communauté des gens du voyage.

Quelle est la situation de ces enfants en France ?
En France, plusieurs milliers d’enfants Roms ou appartenant à la communauté des gens du voyage ne sont pas inscrits à l’école. Ces enfants ont pourtant droit à une éducation comme tous les enfants en France. Pour certains d’entre eux, leurs droits à la santé, à la protection sociale et à un logement convenable ne sont pas non plus respectés. Selon le Collectif pour le droit des enfants Roms à l’éducation, les 5000 à 7000 enfants Roms présents en France aujourd’hui sont arrivés ou arriveront à l’âge de 16 ans sans avoir jamais été ou presque à l’école.

Dans ce contexte, quelle est votre réaction face au discours ambiant ?
Les discours publics globalisants de ces derniers jours recouvrent en fait des réalités très différentes entre des populations roms arrivées récemment d’Europe de l’est et les gens du voyage, pour la plupart Français et sédentarisés. En outre, la préoccupation de l’Unicef est que ces discours publics et toute action engagée n’engendrent pas plus de stigmatisation et de discrimination pour les enfants appartenant à ces communautés, qui sont déjà pour beaucoup en situation de grande précarité. En juin 2009, le Comité des droits de l’Enfant alertait la France sur « la discrimination dont sont victimes les enfants appartenant à des groupes minoritaires, en particulier les Roms et les gens du voyage, notamment en ce qui concerne les droits économiques, sociaux et culturels y compris le droit à un logement convenable, à un niveau de vie suffisant, à l’éducation et à la santé » sur son territoire. Ce constat n’était pas une révélation pour tous les acteurs engagés dans la défense des droits de l‘enfant, mais provenait cette fois d’une instance onusienne dont on ne peut remettre en cause l’objectivité. Cette discrimination de fait contrevient profondément aux principes fondamentaux de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) et aux engagements de la France.

Que préconisez-vous ?
Comme l’a rappelé le chef de l’Etat, « les lois de la République s'appliquent à l'ensemble des personnes présentes sur le territoire national, y compris aux populations nomades ». Cela est vrai en devoirs comme en droits et je rajouterais que les droits de l’enfant doivent s’appliquer à tous les enfants, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui en France. Les enfants des communautés fragiles et stigmatisées du fait de leur situation économique ou origine sociale ou ethnique devraient faire l’objet d’une attention particulière de la part des autorités. Comme le recommandait le Comité des droits de l’enfant, « l’Etat français doit consentir à des investissements supplémentaires considérables pour garantir le droit de tous les enfants à une éducation véritablement intégratrice qui permette aux enfants issus de tous les groupes défavorisés, marginalisés ou éloignés des écoles d’exercer pleinement ce droit. »